Suite de la table ronde 2005

Effets des conduites post-sevrage sur les performances et la santé des lapereaux

L'âge au sevrage : conséquences

Dans cette partie de la table ronde ont été présentées 2 communications des Journées de la Recherche Cunicole. Il s'agit de 2 études conduites à l'INRA par la Station de Recherches Cunicole et visant à déterminer l'incidence d'un sevrage précoce (23 jours) d'une part sur les performances et la santé ultérieure des lapins et d'autre part sur l'efficacité de la digestion.

 

A. Feugier, M.N. Smit, L. Fortun-Lamothe, T. Gidenne, 2005. Interaction entre la composition de l'aliment et l'âge au sevrage sur les performances du lapin de chair. 11èmes Journées de la Recherche cunicole, 29-30 nov. 2005 Paris, ITAVI édit., 137-140.

Résumé - Cette étude a pour objectif d'évaluer l'interaction entre l'âge au sevrage (23 vs 35j) et la composition de l'aliment "de démarrage" (FEM vs LAP, en accord respectivement avec les besoins nutritionnels de la femelle ou du lapereau), distribués de 18 à 35 jours d'âge, sur la santé digestive et les performances de croissance des jeunes lapereaux. A 18 jours d'âge, 39 portées de 9 lapereaux ont été affectées dans l'un des 4 lots expérimentaux selon un schéma factoriel 2x2 : FEM23 (n=84 lapins), LAP23 (n=86), FEM35 (n=85) et LAP35 (n=74). A 35 jours les lapereaux ont été placés en cages d'engraissement (5 par cage) et ont tous reçu un même aliment d'engraissement différent de FEM et LAP.

L'ingestion et le poids vif final ne sont pas influencés par l'aliment de démarrage. Entre 23 et 35 jours d'âge aucune différence entre les lots n'a été observée concernant la quantité d'aliment sec ingérée. Après 35 jours d'âge, l'ingestion d'aliment est supérieure de 10,7% chez les lapereaux sevrés à 35j par rapport à ceux sevrés à 23j d'âge (P<0,05). Lorsque les lapereaux sont sevrés à 35j, le poids vif à 35j et à 53j est supérieur à celui des lapereaux sevrés précocement à 23j (+26,7%, +11,3% respectivement ; P<0,05). Le taux de mortalité est supérieur de 21 points et de 43 points sur les périodes 23-35j (P<0,001) et 35-53j (P<0,001) lorsque les lapereaux sont sevrés précocement (à 23j). Ces résultats suggèrent qu'un sevrage précoce augmente fortement les risques d'apparition de troubles digestifs chez les lapereaux (IRS=index de risque sanitaire). Ce risque ne semble pas pouvoir être compensé par l'utilisation jusqu'à 35 jours d'un aliment dont le ratio amidon/protéines est plus adapté aux capacités digestives des jeunes lapereaux : 0,72 contre 1,35 pour l'aliment FEM

 

T. Gidenne, A. Feugier, S. Lacroix, 2005. Efficacité digestive chez le lapereau sevré précocement : méthode de mesure et effets du ratio protéine sur énergie de l'aliment. 11èmes Journées de la Recherche cunicole, 29-30 nov. 2005 Paris, ITAVI édit., 141-144.

Résumé - Trois groupes de 22 lapereaux, sevrés à 23 jours d'âge, ont été placés en cage à métabolisme à raison de 2 par cage jusqu'à 32j, puis un seul par cage de 32 à 64 jours. Les animaux ont été nourris à volonté jusqu'à l'âge de 50 jours, avec un des 3 aliments expérimentaux (MAD1, 2 ou 3) différant par leur taux de protéines (resp. 14,7 - 17,8 - 20,5% MAT) mais ayant des valeurs énergétiques similaires. La collecte des fèces et le contrôle de la consommation alimentaire ont été effectués pour mesurer la digestibilité des aliments au cours de 2 périodes: 28-32 jours puis 42-46 jours. De 50 à 64 jours tous les lapins ont reçu un même aliment d'engraissement-finition.

Chez des lapereaux de 4 semaines, l'application directe de la méthode européenne de référence pour le calcul de la digestibilité des aliments conduit à surestimer la valeur énergétique (+150kcal), sans interaction avec le type l'aliment. Des valeurs de digestibilité plus cohérentes avec la physiologie du jeune de moins de 35j sont obtenues, en appliquant une correction qui prend en compte les accroissements de l'ingestion (+8% par jour) et de contenu digestif observés au cours de la période 28-32 jours. L'efficacité de la digestion des protéines ne varie pas entre 4 et 6 semaines d'âge, contrairement à celle de l'énergie qui s'accroît de 2,7 unités en moyenne (P<0,001). La digestibilité de la matière organique baisse entre les régimes MAD1 et MAD3 (-2,5 unités, P<0,01), tandis que la digestion des protéines s'accroît de 2 unités (P<0,01). Enfin, au vu des performances sur l'ensemble de la période 23-64jours, l'utilisation d'un aliment contenant plus de 110-120 g de protéines digestibles pour 1000 kcal d'énergie digestible ne semble pas justifiée pour l'alimentation des lapereaux sevrés précocement.

 
De la discussion relativement brève qui a suivi la présentation de ces 2 communications, il ressort que si un sevrage précoce est intéressant pour la carrière des femelles reproductrices, on doit constater que les conditions idéales d'alimentation des lapereaux eux-même n'ont pas encore été établies. Par contre l'affinement de la méthodologie nécessaire à l'étude de l'alimentation des très jeunes lapins laisse espérer des progrès prochains.
 

les autres parties de la Table ronde 2005

                                     L'aliment (composition, produits ajoutés, ...),
                                     Le sevrage
(plus ou moins précoce),
                                    
 Le bâtiment et le matériel (gestion du rationnement, tout vide tout plein, type d'habitat) et
                                     La conduite d'élevage (comportement des animaux et bonnes pratiques)
.

 
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