19 février 2013 - Journée d'étude ASFC «Sharm El-Sheikh - Ombres & Lumières»

Techniques d'élevage et Économie
Les apports lors du 10ème Congrès Mondial de Cuniculture


par


Michel COLIN * et François TUDELA **

* COPRI, Coat Izella, 29830 Ploudalmézeau (France).
** INRA, Domaine de la Verrerie, CS 52627, 31326 Castanet-Tolosan (France).
.

 

I - INTRODUCTION

 


M. Colin et F. Tudela lors de leur présentation

Voici 4 ans, nous avions introduit cette session par le paragraphe suivant:

Traditionnellement, dans les différents congrès internationaux de Cuniculture, la partie " Techniques d'élevage et économie " apparaît comme une sorte d'auberge espagnole où l'on " agglomère " des publications sur des sujets très divers et parfois sans aucun lien commun. Cette diversité se retrouve également dans l'origine géographique des publications, les états nouveaux venus publiant généralement dans ce secteur. Ces caractéristiques n'ont pas fait défaut au niveau des publications présentées à VÉRONE en Juin 2008.

Il n'y a pas un mot à changer pour le congrès de Sharm El Cheik en septembre 2012. De fait, en répartissant les 22 communications par grands thèmes (figure 1), on s'aperçoit que plusieurs d'entre elles auraient dues être classées soit dans la partie Nutrition (3 soit 13,6 %) soit dans la partie génétique (également 3 soit 13,6 %). Ces communications de génétique et de nutrition étaient d'ailleurs réalisées dans des conditions trop éloignées de notre contexte pour que leur présentation dans le cadre de cette réunion présente un intérêt. Les autres thèmes abordés concernaient la consommation et la qualité de la viande (2 soit 9,1 %), la micro et la macroéconomie (7 soit 31,8 %), l'environnement et le développement durable (5 soit 22,7 %) et fait nouveau dans un congrès cunicole le lapin nain (2 soit 9,1%) mais que nous ne présenterons pas non plus..

 
Figure 1: Répartition des publications de la partie " Techniques d'élevage et économie "
par grands thèmes

 

Autre constante par rapport aux précédents congrès: les communications provenaient de toutes les régions du monde, démontant que la recherche en cuniculture n'est plus l'apanage des pays de le vieille Europe. Ainsi, 10 pays et 4 continents étaient représentés: l'Europe (10 communications : Espagne et Itlaie 3, France et Hongrie 2), les Amériques (6 communications : Argentine 3, USA 2 et Mexique 1), l'Afrique (3 communications : Nigeria 2 et Egypte 1)), l'Asie (en réalité, la Chine, 3 communications).

Nous aborderons donc la présentation de ces résultats de la partie " Techniques d'élevage et économie " par grands thèmes (En reprenant ceux exposés à la figure 1).

 
II - L'ÉCONOMIE, PRINCIPAL THÈME ABORDÉ

Production du lapin en Chine

L'économie cunicole a fait l'objet de 7 publications essentiellement macroéconomiques (Economie au niveau du pays), une seulement pouvant être considérée comme microéconomique (Economie de l'élevage).

L'aspect macroéconomique est principalement abordé par les chercheurs chinois. Ainsi, 3 communications d'équipes chinoises apportent enfin des informations assez complètes sur cette cuniculture qui représente environ un tiers de la cuniculture mondiale mais que l'on connaît encore bien peu. Deux émanent de l'université de Pékin, la troisième dela Sté Kangda, première société cunicole du pays basée à Qingdao.
Les auteurs rappellent d'abord les grandes caractéristiques de la cuniculture chinoise (tableau 1) et son développement quantitatif impressionnant: une croissance annuelle d'environ 10 % a ainsi fait passer la production chinoise d'un niveau comparable à la production française en 1985 à un niveau près de 12 fois supérieur en 2010. Notons toutefois le caractère un peu approximatif de ces statistiques qui indiquent un poids de carcasse de 948 grammes en 1985 et 1,485 kg en 2010. Or, l'observation des carcasses commercialisées et exportées ne reflète en rien une telle évolution. Néanmoins, cette réserve ne remet en cause ni les ordres de grandeur ni la position de dominante absolue de la cuniculture chinoise par rapport à la cuniculture mondiale.

 
Tableau 1 : Caractéristiques quantitatives de la cuniculture chinoise
Données annuelles Nombre de lapins abattus (millions) Production de viande de lapins (tonnes) Exportations viande de lapins (tonnes)
1985 59 073 56 000 -
2010 464 525 690 000 10 900
progression / année 9,4% 11,5% -
 
Par ailleurs, même si son importance par rapport à la masse totale de viande en Chine ne dépasse toujours pas 1%, le lapin et les volailles sont les seules viandes connaissant une progression de leur production en Chine (tableau 2).
Tableau 2 : Evolution de la production des différentes viandes en Chine entre 2006 et 2010
Un point très important à souligner car souvent mal compris dans nos pays, est l'orientation de la cuniculture chinoise sur son marché intérieur : les exportations ne représentent ainsi qu'environ 1,5% au plus de la production chinoise. L'encouragement des autorités à développer la cuniculture a donc comme but premier de mieux nourrir la population avec une production non consommatrice de céréales. La majeure partie de la production est encore assurée par de très petites unités familiales. Ainsi dans le Shandong (Région où aura lieu le prochain congrès de cuniculture), 80% des élevages comptent moins de 100 lapins (sans qu'il ne soit précisé si ce sont des reproductrices ou des lapins de chair). Mais de plus en plus d'unités familiales commercialisant entre 3 000 et 5 000 lapins / an se développent. De plus, la production chinoise de lapins connaît une forte organisation sous forme de coopératives d'éleveurs créées soit à l'initiative des éleveurs eux-mêmes soit d'industriels comme Kangda.
 
Ces publications rappellent également qu'en Chine, la cuniculture ne se limite pas à la production de lapins de chair puisque le lapin Rex et le lapin Angora représentent 40 % des effectifs avec de très fortes dominantes régionales au niveau de l'orientation de la cuniculture (tableau 3). A ce niveau et contrairement à la viande, le commerce international joue un rôle prédominant puisque la Chine est à la fois le premier importateur et le premier exportateur de peaux. Elle a ainsi exporté jusque 5 300 tonnes/an de peaux (mais ce nombre a diminué) et en importe 39 000 à 47 000 tonnes / an. Le principal produit d'exportation pour la cuniculture chinoise est le poil angora dont le total des exportations atteint 174 millions de Dollars US.
 
Tableau 3: Répartition de la cuniculture chinoise par type de lapins et par région
Type de production
% des effectifs
Principales régions de production
Lapin de chair
60
Sud-Ouest (Sichuan, Chongqing)
Lapin Rex (fourrure)
25
Nord-Est
Lapin Angora (poil)
15
Sud-Est

Figure 2 Index comparatif de productivité, de la production chinoise de viande de lapin

Après cette partie descriptive, l'auteur étudie la compétitivité internationale de la production de viande chinoise à l'aide d'un index (Index comparatif de productivité) prenant en compte le prix d'exportation de la viande de lapin chinoise par rapport aux autres exportations chinoises et aux autres exportations de viande de lapin dans le monde. On considère qu'un produit est d'autant plus compétitif que la valeur de cet index est supérieure à 1; un produit dont cet index est inférieur à 1 n'est pas compétitif. L'évolution de cet index depuis 1990 montre très clairement que la viande de lapin qui était très compétitive en termes de prix dans les années 90 a vu ses avantages diminuer très fortement au début des années 2000, la compétitive actuelle étant assez faible. Les années 2009 et 2010 montrent une légère inversion de tendance mais selon l'auteur celle-ci devrait être annulée par l'augmentation du prix des matières premières dont la Chine est tributaire.
En conclusion, les auteurs insistent sur l'importance du lapin comme " économiseur de céréales " par rapport à d'autres productions et sur la nécessité de le développer précisément pour économiser celles-ci, tout en nourrissant correctement la population.

 

 
Une autre publication macroéconomique émanant de l'université de Kaposvar en Hongrie (tableau 4) est en fait une étude de marché de la production et des échanges internationaux de viande de lapin dans le monde.
Tableau 4: Production et échanges internationaux de viande de lapin dans le monde
(Szendrö K. et al.)
 
Il en ressort que
  • La production mondiale de viande de lapin est légèrement inférieure à 1 700 000 tonnes / an dont un tiers environ provient de Chine et un quart de l'union européenne.
  • La part du commerce extérieur reste globalement très faible: 1,5 à 2% seulement de la viande de lapin produite dans le monde sont concernés par le commerce international. A noter que dans cette étude, le niveau des exportations est nettement supérieur à celui des importations. Ce phénomène est classique et provient probablement de causes multiples: avitaillement des bateaux, identifications sous d'autres codes douaniers…
  • Les gros exportateurs sont la Chine, la France (2ème), la Belgique (qui joue son rôle traditionnel de " plaque tournante) et la Hongrie.
  • Les gros importateurs sont la Belgique, la Russie, l'Allemagne et l'Italie.
 

Deux autres publications concernaient le développement de petites unités d'élevage de lapins dans des pays très pauvres dans le but d'améliorer le niveau d'alimentation de populations très déshérités.

L'un de ces projets se situe en Haïti où le développement de petites unités cunicoles fait partie du plan de reconstruction mis en place après le tremblement de terre. L'autre projet se situe dans le Yucatan au Mexique.

 
Seul un travail espagnol abordait l'économie sous l'aspect microéconomique donc des performances de l'élevage. Il consistait à analyser les résultats de "BDcuni" qui est la gestion technique espagnole (46 élevages sont impliqués) et en particulier à rechercher les effets sur les différents critères de productions de certains paramètres tels que
      ¤ La taille de l'élevage.
      ¤ La localisation géographique.
      ¤ La saison.
      ¤ Le mode de conduite (Bande unique ou autre).
 
Seul le nombre de kg / IA est significativement affecté par la taille de l'élevage, tandis que dans cette étude, seul le poids à la vente est modifié par le type de conduite. Ainsi, les lapins provenant d'élevages conduits en bandes uniques sont plus lourds que les lapins élevés en conduites traditionnelles. Aucun effet de la saison n'est observé sur la fertilité, l'intervalle entre mise bas et la mortalité avant sevrage. Par contre, la prolificité est significativement améliorée pendant les mois chauds (tableau 5) ce qui est quelque peu en contradiction avec de nombreuses observations rapportant les effets négatifs de la température sur la fertilité des femelles. Au niveau régional, des différences en faveur du centre par rapport au Nord sont observés pour la plupart des critères mais à notre avis, elles reflètent plus un effet de l'âge des élevages qu'un effet du climat. En effet, la cuniculture du Centre de l'Espagne est beaucoup plus récente que celle du Nord. La généralisation de ces résultats est donc difficile.

 

 

Tableau 5 : Effets de la saison sur les résultats en maternité d'après la gestion technique espagnole "BDcuni"
Climat CHAUD TEMPÉRÉ Probabilité
Mois de réalisation des I.A. Mai =>Août Septembre => Avril
Fertilité réelle (%) 81 80 ns
Intervalle entre MB (jours) 53 54 ns
Prolificité 9,51 9,39 < 0,05
Mortalité avant sevrage (%) 12,9 13,9 ns
III - ENVIRONNEMENT ET DEVELOPPEMENT DURABLE
 
Cette partie regroupe des sous-thèmes assez différents tels que
      ¤ Maîtrise de la ventilation dans un élevage de lapin.
      ¤ Impact d'un élevage de lapins sur l'environnement.
      ¤ Caractère durable de l'élevage de lapins.
      ¤ Valorisation des déjections.
 

Un premier travail de l'équipe de Valence (Estellés et al.) présente le développement d'une méthode d'optimisation de la ventilation intégrant les 4 principaux critères d'ambiance:
        - Température.
        - Humidité relative.
        - Concentration en dioxyde de carbone.
        -
Concentration en ammoniac.
Dans un premier temps, les auteurs publient une synthèse des données de la bibliographie concernant la production de chaleur et de gaz polluants par les cellules de reproducteurs et les lapins à l'engraissement, reprenant leur propre publication de 2011 (tableau 6).

 
Critères
Production de chaleur latente (kcal/animal/heure)
Production de CO2
(g/animal/heure)
Production de NH3
(g/animal/heure)
Lapins à l'engraissement
2,6
4,2
10,1
Lapine reproductrice
5,1
11
55,9
Tableau 6: Valeurs de production de chaleur et de gaz polluants dans des cellules de reproduction et d'engraissement,
rapportées par animal présent. NB Les élevages concernés ont des litières accumulées évacuées tous les 1 à 4 mois
et la teneur moyenne en ammoniac dans le bâtiment varie en moyenne de 3 à 5 ppm , mais avec des pics à 14 ppm (Calvet S., Cambra-Lopez M., Estellés F., Torres A.G., 2011. Characterisation of indoor environment and gas emissions in rabbit farms. World Rabbit Science, 19:49-61)

 
Une simulation sur 4 bâtiments pratiques (l'un en ventilation statique; 3 en ventilation dynamique) montre ensuite que l'humidité relative et l'ammoniac sont les critères les plus restrictifs pour optimiser la ventilation d'un bâtiment. Des études de cinétique de l'air dans les bâtiments établissent en outre que le système entrées d'air basses - extraction basse est le plus efficace en termes d'évacuation des gaz viciés (figures 3 et 4).
 

Figure 3: Entrées d'air et évacuation hautes => tourbillons d'air

Figure 4 : Entrées d'air basses et évacuation haute => extraction direct
PRÉCISIONS : Les lapins eux même ne produisent ni NH3 ni N2O. Ces gaz sont produits par la fermentation des déjections (crottes et urine). Dans le cas des 3 élevages étudiés par les auteurs, les déjections étaient accumulées sous les cages et enlevées tous les 1 à 4 mois (9 bandes par an en engraissement). Les auteurs du travail initial, repris dans les 2 communications faites au congrès, ont réalisé plus de 2000 déterminations journalières de "production de gaz" dans les cellules d'élevage ([concentration sortie - concentration entrée] x débit de ventilation de la cellule). Pour près de la moitié d'entre elles (44%) la valeur était nulle en ce qui concerne le N2O, preuve si cela était nécessaire que ce gaz n'est pas produit par les lapins eux-mêmes et que sa production peut-être totalement maîtrisée. La totalité de l'ammoniac, du N2O et une partie du CO2 provenant de la fermentation des litières, les chiffres de production présentés lors du congrès ne peuvent en aucun cas être généralisés à tous les élevages et le même type d'étude devra être fait avec d'autres systèmes d'évacuation des déjections (raclage ±. fréquent, tapis, …)
Dans la publication initiale (Calvet et al., 2011) les auteurs ont même calculé que la production d'ammoniac s'accroît de 1,96 mg/ heure par lapin présent dans la cellule pour chaque augmentation de 1 degré entre 12°C et 32°C et de 0,34 mg/h pour chaque point d'hygrométrie entre 15% et 98% (les litières fermentent plus au chaud et à l'humidité). Dans la même gamme de température la production de CO2 s'accroît de 126 mg/h/animal par degré Celsius et 60 mg/h par point d'hygrométrie
  Un autre travail de la même équipe espagnole (Calvet et al) présentait " l'état de l'art " concernant les productions d'ammoniac, de gaz à effet de serre (méthane, dioxyde de carbone) et de particules dans l'air par l'élevage de lapins. Comme toute activité économique, la cuniculture se doit de quantifier son impact sur l'environnement. Or les données expérimentales sont encore rares. Un travail de mesures systématiques a donc été entrepris sur 3 élevages pendant une année complète et a permis d'avancer une première approche concernant les émissions de polluants (tableau 7).
 
Tableau 7 Valeurs d'émission des gaz polluants en fonction du type de lapins dans la cellule et de la saison
dans 3 bâtiments espagnols à litière accumulée (Calvet et al.)
 
Les auteurs réalisaient par ailleurs une première comparaison d'émission de composés azotés par rapport aux autres espèces (tableau 8). Même si le système unitaire utilisé est discutable (UGB = 500 kg de poids vif), ce travail montre que contrairement à une idée souvent répandue, le lapin n'est pas des mieux placés concernant les émissions azotés, du moins avec des litières accumulées étudiées par les auteurs. Une meilleure connaissance de ce phénomène s'impose donc à la cuniculture afin d'atténuer ces effets négatifs et d'être en mesure de répondre aux demandes d'un environnement social de plus en plus exigeant.
Type d'animal NH3
(g/UGB/heure)
N2O
(g/UGB/heure)
Bovins 2,1 - 3,0 33
Porcs 2,0 - 4,5 17
Poulets 1,5 - 9,1 1083
Lapine reproduc. 7,0 1292
Lapins engrais. 4,3 0
Tableau 8: Comparaison des émission des gaz polluants pour le lapin et d'autres espèces de rente (type de logement non précisé)
  Par contre, ce travail a également permis pour la première fois la mesure des émissions de particules et la concentration en particules dans un élevage de lapins avec litière accumulée et ventilation dynamique (tableau 9). A ce niveau, les émissions provoquées par le lapin semblent plus faibles que pour les autres espèces.
Tableau 9: Emissions de particules et concentration en particules dans un élevage de lapins à litière accumulée d'après Adell et al. (2012)
Type de particules Grossières (1) Fines (2)
Concentration en particules
(mg /m3)
Lapins à l'engraissement 0,082 0,012
Lapines reproductrices 0,048 0,012
Emission de particules
(mg /animal /jour)
Lapins à l'engraissement 5,987 0,021
Lapines reproductrices 14,853 2,831
(1) - restant sur le filtre de 10 microns ; (2) - restant sur le filtre de 2,5 microns
  Deux publications émanant de l'équipe de Laurence Fortun à l'INRA Toulouse présentaient la mise au point de la méthode destinée à évaluer la durabilité des élevages de lapins c'est-à-dire leur capacité à s'adapter aux nombreux changements de notre environnement et aux demandes nouvelles de la société, thème déjà présenté aux 2 dernières JRC. Ont ainsi été déterminés 29 critères dans les domaines économiques, environnementaux et sociaux qui permettent d'attribuer une note globale à l'élevage en termes de durabilité (tableau 10). La seconde publication présentait l'application de cette méthode à 76 élevages du réseau CUNIMIEUX répartis en 12 régions. Ils montrent une grande diversité de situation. D'une façon générale, les grosses unités spécialisées présentent des scores plus élevés que les élevages de taille plus modeste. L'âge de l'exploitation n'a curieusement pas d'influence sur les scores enregistrés. Enfin, on n'observe pas d'antagonismes entre les objectifs économiques, sociaux et environnementaux.
Tableau 10: Objectifs, critères et indicateurs de durabilité d'un élevage de lapins
 

Enfin, concernant les problématiques d'environnement, un travail argentin de la faculté d'agronomie de Buenos-Aires étudiait la possibilité de composter les viscères de lapin en mélange avec des copeaux de bois. Cette méthode permet de valoriser 2 déchets. Les produits ainsi obtenus sont considérés comme satisfaisant et utilisés en agriculture biologique (Est-ce que ce serait possible en France ?).

 

IV CONSOMMATION ET QUALITE DE VIANDE
  Ce thème pourtant important n'était abordé que par une communication argentine et une communication nigériane dans des conditions éloignées du contexte européen.

La communication argentine présentait un système de production de lapin bio mis au point par la faculté d'agronomie de Buenos-Aires et constitue donc l'une des rares études scientifiques sur ce type de production. Ces chercheurs espèrent en effet augmenter la consommation de viande de lapin qui est très basse en Argentine (100 grammes / personne / an) en promouvant le lapin Bio. Les lapins étaient nourris avec des fourrages et des céréales produits en utilisant comme seul engrais le compost précédemment décrit. Les lapins provenaient d'un croisement Néo-Zélandais x Californiens et les traitements uniquement homéopathiques.

 
Les croissances ainsi obtenues sont très faibles (22 à 23 g / jour) et les lapins doivent donc être abattus à 90 jours pour un poids de carcasse de 1 300 à 1 400 grammes. Les rendements à l'abattage sont de 55 à 57 %. Enfin, la viande de ces lapins présente un profil d'acides gras intéressant, notamment au niveau de la teneur en oméga 3 et du ratio oméga 6 / oméga 3 (tableau 11), ce qui constitue un argument supplémentaire pour ce type de lapin. On peut cependant regretter l'absence de témoin à ce niveau. On peut aussi s'étonner du taux élevé de graisse dans la cuisse.
Composants
Râble Cuisse
Taux de matière sèche % 25,3 25,0
Taux de graisses % 4,35 10,7
Acide oléique (%AG) 23,5 22,5
A. linoléique oméga 6 (%AG) 18,6 22,0

A. linolénique oméga 3 (%AG)

4,19 3,64
Rapport oméga 6 / oméga 3 3,67 4,48
Tableau 11: Taux de graisses et profil d'acides gars des lapins Bio produits en Argentine
 

Le travail nigérian provenait de l'Université d'Ekiti au Sud-ouest du Nigeria. Cette région réalise en effet la promotion de la production du lapin afin d'augmenter la consommation de viande de la population. Il convenait donc de vérifier si cette viande était bien acceptée. Un questionnaire a donc été réalisé et distribué à 240 personnes. Même si les conditions de cette enquête sont trop éloignées de notre contexte pour faire l'objet d'une présentation détaillée, il convient de retenir que 41 % des personnes interrogées déclarent manger du lapin au moins une fois par semaine et 8 % tous les jours. Heureux pays pour les producteurs de lapins! La raison évoquée pour cette consommation est le goût pour 78 % des interviewés. Enfin, 72 % des consommateurs mangent le lapin fumé, présentation fréquente dans cette partie de l'Afrique.

 

EN GUISE DE CONCLUSION
  Même si l'éclectisme de cette présentation rend toujours difficile une vision globale, la présentation " Techniques d'élevage et économie " à Sharm El-Sheikh aura été l'occasion de diffusion d'informations originales sur des thèmes importants.

Nous retiendrons

  • Les communications sur la cuniculture chinoise qui pour la première fois assurent la disponibilité en anglais d'informations assez précises et cohérentes sur la cuniculture de ce grand pays.
  • Une première synthèse sur les productions de gaz à effets de serre, de composés azotés et de particules par l'élevage de lapins avec des propositions de normes, tous en regrettent que cette étude ait été limitée à un seul type de gestion des déjections (litières accumulées
  • La proposition de mesures de la durabilité des élevages de lapins.
  On peut ainsi remarquer que la cuniculture est à l'image de la société globale et que comme pour celle-ci, on retrouve un leadership asiatique de plus en plus marqué et une émergence des problématiques d'environnement et de développement durable.

Enfin, n'oublions pas que si nous nous sommes limités dans notre présentation aux communications présentant un intérêt pour les cunicultures européennes, la cuniculture est de plus en plus l'apanage des pays émergents où elle retrouve sa vocation de productrice de protéines dans de bonnes conditions économiques et avec une concurrence limitée au niveau des céréales et autres matières premières utilisées par l'homme.