5 février 2009 - Journée d'étude ASFC « Vérone - Ombres & Lumières »

Introduction et synthèse générale du congrès
par


Chantal DAVOUST-DOUMBOUYA
Présidente de l'ASFC
INZO°- Rue de l'église - BP 19 - Chierry - 02402 CHÂTEAU THIERRY Cedex

Introduction


C. Davoust-Doumbouya lors de sa présentation

  Le 9ème Congrès mondial de Cuniculture organisé par la World Rabbit Science Association s'est tenu pendant 3 jours en Italie à Vérone. L'ensemble des informations relatives à ce congrès est disponible sur le site Web spécifique (http://wrc2008.sistemacongressi.it) De plus, le texte anglais de l'ensemble des communications présentées est disponible gratuitement sur le site Web de la WRSA (http://world-rabbit-science.com) ainsi que sur le site français http://www.cuniculture.info (rubrique Magazine, avec une traduction des titres en français pour ce dernier site).

L'objectif du présent article est de réaliser un bilan général de ce congrès, en détaillant d'abord le contenu des conférences invitées puis celui des tables rondes et enfin celui des communications courtes.
L'organisation générale du congrès a été bonne et comparable aux précédents congrès, les congressistes se sont retrouvés dans le Palais des Congrès de la ville. Les chercheurs et les Spécialistes Cunicoles européens étaient les plus représentés (Italie, France, Espagne, Portugal, Hongrie, Allemagne, Belgique, Pays Bas, Slovaquie, Tchéquie, Grèce, Roumanie, Suisse, Pologne, Royaume-Uni...). Ensuite, les équipes du sud de la Méditerranée (Egypte, Algérie et Tunisie) ont présentés également des travaux. On note une participation plus marquée des pays d'Afrique Sub-saharienne (Nigéria, Bénin) mais surtout de l'Asie du Sud Est (Chine, Vietnam, Indonésie, Laos). Le Continent Américain a également participé comme les autres années avec des représentants du Canada, des USA, du Mexique, de Cuba, du Venezuela, du Brésil et d'Argentine. Au total 35 pays étaient représentés y compris l'Australie.
Pour aider les chercheurs, résidant dans des pays en voie de développement, à participer à ce congrès, le comité d'organisation de la WRSA a attribué des bourses pour 15 représentants. A ce titre, l'ASFC et l'association "Cuniculture" (www.cuniculture.info) ont participé financièrement ainsi que d'autres branches de la WRSA aux côtés du CIHEAM (Centre International de hautes études méditerranéennes).
Sur 323 communications soumises au comité de lecture, 274 communications courtes ont été retenues après évaluation, ce qui est un record pour le nombre total de communications acceptées (+ 25%) par rapport aux autres années qui en comptaient en général autour de 210 à 220 par congrès. 15% des papiers proposés ont été éliminées par le comité afin d'obtenir un congrès de meilleure qualité. Pour animer ces journées, 8 rapports généraux invités et 6 tables rondes ont été organisées.

 

Conférences invitées (rapports de synthèse) et animations de tables rondes  

Un total de 8 conférences a été présenté dans les diverses disciplines (tableau 1), soit un nombre moins élevé comparé aux 2 précédents congrès (13 à Toulouse en 1996 et à Valence en 2000). Le nombre de tables rondes a été légèrement réduit à 6 au lieu de 7 au congrès précédent. (tableau 2).

Tableau 1 : Liste des conférences invitées

Auteurs (appartenance)
Discipline
Titre
M.H. Khalil & A.M. Al-Saef
(Egypte et Arabie Saoudite)
Génétique
Méthodes, critères, techniques et réponses génétiques pour la sélection des lapins : une revue.
M. Mézes (Hongrie)
Nutrition et physiologie digestive
Mycotoxines et autres contaminants dans les aliments pour lapins.
A. Lavazza & L. Capucci (Italie)
Pathologie
Infections virales chez le lapin.
R. Carabano et al. (Espagne)
Nutrition et physiologie digestive
Nouveaux concepts et objectifs pour les apports de protéines et d'acides aminés chez le lapin.
G. Coureaud (France)
Ethologie et bien-être
Développement du comportement social et alimentaire chez le jeune lapin.
P. Hernandez (Espagne)
Qualité et hygiène de la viande
Amélioration de la valeur nutritionnelle et de la qualité hygiénique de la viande de lapin.
C. Castellini (Italie)
Reproduction
Production de semence et conduite des lapins mâles.
P. Samkol (Cambodge) &
S. Lukefar (USA)
Systèmes d'élevage
Un rôle de stimulant pour la production de lapin biologique vis-à-vis de la pauvreté en Asie du Sud Est.

 

Tableau 2 : Liste des tables rondes

Animateur (appartenance)
Thème
Titre
I. Badiola (Espagne)
Pathologie
Entéropathie épizootique EEL
J. Garcia (Espagne)
Nutrition
Harmonisation des méthodes de détermination des teneurs en fibres digestibles /solubles
L. Maertens, C. Cavani (Belgique, Italie)
Environnement
Excrétions d'azote et de phosphore et respect des législations nationales et internationales.
F. Luzi, S. Hoy (Italie, Allemagne)
Comportement et système de logement
Logement des lapins et bien-être
F. Lebas (France)
Qualité de la viande
Evaluation de la valeur nutritive et de la sécurité de la viande de lapin
C. Becerril, S. Lukefar (Mexique, USA)
Système d'élevage
Intérêts et limites de la production cunicole pour les pays en voie de développement


Communications courtes

Aspects quantitatifs et impact scientifique de chaque nation

Le bureau de l'ASFC entourant G. Xiccato, le Président du Congrès

 

Au plan quantitatif, le Congrès de 2008 a été très productif en travaux pour le lapin, en effet, 274 communications courtes ont été écrites. Pour comparaison, en 1996, 2000 et 2004 le nombre de communications courtes était inférieur (217 à Toulouse, 211 à Valence et 216 à Puebla) et plus faible encore en 1992 (n=182 à Corvallis - USA)).
79 communications ont été présentées oralement (en double-sessions simultanées), le reste sous forme poster (une session quotidienne par discipline).
Au plan quantitatif, ce congrès a connu un succès plus important au regard du nombre d'inscrits 550 avec une fréquentation accrue de 10% par rapport aux précédents congrès. Il a été remarqué une forte délégation française d'environ 50 personnes.

 

Divers = Algérie, Arabie-Saoudite, Belgique,
Brésil, République Tchèque, Slovaquie

 

 

 

 

Impact des différentes disciplines

  Pour juger de l'impact des différentes disciplines présentées à ce congrès, nous avons effectué un décompte en reprenant les décomptes de l'index du rapport des résumés (cf. tableau 3).
On peut remarquer un intérêt croissant sur l'ensemble des thèmes, hormis la nutrition et la physiologie digestive qui ont tendance à diminuer en nombre de communications. Ainsi, l'ensemble des thèmes Nutrition et Alimentation et Physiologie générale et digestive ont été regroupés en une seule discipline Nutrition et Physiologie digestive. De même, pour l'Elevage en zone tropicale et systèmes alternatifs qui a fusionné avec Technique d'élevage et Economie. On note la disparition de thèmes liés à la production de fourrure et de poil.

L'impact quantitatif des différents pays est très variable selon les disciplines. Ainsi, l'Espagne domine nettement les études sur la génétique (N= 14 sur 44 soit 32%) suivis par l'Italie et la Chine (n=5 et 4). Les communications concernant la reproduction sont réparties sur 3 pays : Espagne, Italie et Hongrie (respectivement n=10, 8 et 6) suivi par la France et le Mexique ((n= 4 et 3). Les études concernant la Nutrition et la physiologie digestive sont partagées entre 3 pays avec 9 communications pour l'Espagne et la Hongrie et 8 pour l'Italie, ils sont suivis par l'Egypte (7 com) et la France (6 com). Les travaux en pathologie, comportement, bien-être et qualité de la viande sont dominées par les équipes italiennes (n=16, 12 et 11 comm. resp.) soit 35, 46 et 35% des communications. Par ailleurs, la majorité des études en conduite d'élevage et économie sont dominées par le Nigéria (n= 7 soit 25%) suivi par la Hongrie et le Venezuela (n= 3 com. chacun).

Tableau 3: Répartition des communications par disciplines

Thèmes

Nombre total de communications
courtes * , à Vérone 2008
Nombre de communications ** lors des 3 derniers congrès 2004, 2000 et 1996
Génétique
44
N= 25, 27 et 32
Reproduction
35
N= 29, 30 et 25
Pathologie et hygiène
45
N= 38, 27 et 20
Nutrition et alimentation
66
N= 52, 52 et 37
Physiologie générale et digestive
N= 14, 9 et 13
Technique d'élevage et économie
28
N= 7, 14 et 17

Elevage en zone tropicale
et systèmes alternatifs

N= 12, 18 et 15
Croissance et qualité de la viande
31
N= 18, 18 et 28
Ethologie et bien-être
25
N= 12, 8 et 7
Production de fourrure et de poil
0
N= 9, 8 et 13
Total
274
N= 216, 211, 217
* décompte des communications d'après leur contenu (et non d'après l'index du recueil des résumés, excepté 2008).
** : chiffres pour les 3 précédents congrès mondiaux (Puebla, 2004 ; Valence, 2000; Toulouse, 1996).

 

Résumé des principaux thèmes traités dans les différentes disciplines  

Comme par le passé, l'originalité et la qualité scientifique des travaux sont très variables. Pour chaque section disciplinaire, nous nous intéresserons succinctement aux principaux thèmes traités, ou marquants par leur apport de connaissances originales.

1.- Génétique
De nouvelles connaissances ont été apportées sur trois thèmes concernant la génétique :
- Des travaux visant l'amélioration de la connaissance moléculaire avec peu de solutions applicables pour l'instant.
- La recherche d'une meilleure homogénéité des lapins tout au long du cycle de production. Des travaux focalisés sur l'homogénéité des poids de naissance sont en cours actuellement.
- L'étude de races, génotypes ou populations localement disponibles (en Chine, Egypte, Algérie, Bénin ou Québec par exemple) permettant ainsi de choisir les animaux en fonction des besoins de production et d'environnement.

 

   

2.- Reproduction
Près de la moitié des communications concernaient la physiologie de la lapine reproductrice. Seuls, 3 papiers ont été consacrés spécialement aux mâles et à la production de leur semence. Les autres communications concernaient l'impact des systèmes d'élevage (rythme de reproduction, alimentation...) et les méthodes de préparation de la semence pour l'IA et la gestion de l'Insémination Artificielle sur les performances de reproduction.

3.- Pathologie et hygiène
Une majorité de travaux ont concerné les bactéries classiques : Streptocoques, E. Coli, différents types de Clostridium (en lien avec l'EEL), Pasteurelles et Bordetelles et aux différents moyens de les diagnostiquer. Des papiers sur la maitrise de certaines maladies par des substances médicamenteuses ont été relatés, également des travaux sur la restriction ou la température de l'eau en relation avec le statut sanitaire. Des cas terrain de myxomatose ou de VHD ont été décrits.

4.- Nutrition et Physiologie digestive
Un quart des communications était consacré à la physiologie digestive en particulier la relation entre la santé des lapins et le fonctionnement du caecum. Une part importante des travaux a porté sur l'étude des matières premières potentiellement utilisables en lapin dans différents pays. Pour la France, les études sur le lupin blanc, certaines drèches de brasserie, la fèverole ou la carotte plante entière déshydratée peuvent être intéressantes si la disponibilité est suffisante. 50% des autres communications étaient réparties entre les études sur les besoins nutritionnels, les bénéfices obtenus par la restriction alimentaire et l'intérêt de différents additifs alimentaires.
Lors de la session orale, un des 2 rapports invités a été consacré aux nouveaux concepts de besoins nutritionnels, ceux-ci s'appuyant sur la réduction des rejets par une meilleure adaptation des besoins protéiques, cela ayant pour objectif de réduire les rejets d'azote et de phosphore des élevages sans altérer la productivité.

5.- Technique élevage et économie
La majorité des travaux a porté sur la description de différents systèmes d'élevage dans différents pays émergeants tels que le Nigéria, la Tunisie, la Pologne, l'Algérie, le Mexique ou en Asie du Sud-est. Par ailleurs certaines études ont portées sur la densité, l'élevage en groupe, les conditions de température et d'hygrométrie différentes en relation avec la production. Aucune présentation n'a concerné les performances technico-économiques des élevages de l'Europe de l'Ouest malgré la crise économique que traverse l'ensemble des filières européennes.

6. - Qualité et hygiène de la viande
Plusieurs communications émanant de la France, la Pologne, l'Espagne, la Belgique et la Hongrie ont confirmé la relation étroite entre des apports élevés en acide gras de type Oméga 3 dans l'alimentation des lapins à l'engraissement quelque soit l'origine et la teneur de ce type d'acide gras dans la viande de lapin. Des travaux confirmant la faible pollution bactérienne des carcasses commercialisées en Europe ont été présentés. Par ailleurs, on note des travaux sur l'impact de la restriction d'eau de boisson ou d'aliment, des niveaux de fibres sur la qualité des carcasses ou encore une description des lésions d'origine pathologiques sur les carcasses.

7.- Ethologie et bien-être
Sur les 25 communications, un grand nombre de travaux ont porté sur la relation entre animaux : comment communiquent-ils entre eux, avec des travaux sur le rôle des phéromones, du toucher ou de la vue. Des études ont été menées sur les différents types de sol et sur la densité, sur le type de lumière et l'impact sur le comportement des lapereaux ou des mères. Pour enrichir le milieu, des communications étaient basés sur l'effet de miroir ou d'objets à ronger. Par ailleurs, des cahiers des charges sur les conditions d'élevage notamment en Allemagne ont été présentés, des observations sur le comportement de lapins et les notions de bien-être avant abattage (électronarcose comparé à l'abattage Halal) ou des conditions de transport ont été relatés.

 

Conclusions  

Globalement, le 9ème Congrès Mondial de Cuniculture a été comparable aux 3 précédents congrès vis-à-vis de la bonne organisation et de l'excellent accueil général. Le nombre de travaux est en très forte progression (+ 25%) et des pays émergeants prennent une place non négligeable comme le Nigéria aux travers des universités ou des laboratoires qui s'intéressent de plus en plus au lapin.

L'Italie devient leader en matière de publications sur ce congrès avec 22% des papiers (contre 16% en 2004), suivis de l'Espagne avec 15% et la Hongrie 13%, ces 2 pays sont constants comparé à 2004. La place de la Recherche Cunicole Française devient au fur et à mesure des congrès moins dominante (7% des communications contre 14% en 2004). La présence reste marquée en Nutrition, le manque de moyens de recherches publiques ou privées viendrait-il déjà à se faire sentir ?

Lors de l'Assemblée Générale de la WRSA, il a été décidé que le prochain Congrès Mondial de Cuniculture se déroulera en Egypte, au Caire en 2012.

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