Association Scientifique Française de Cuniculture

Table ronde 2007
organisée pendant les Journées de la Recherche Cunicole

Maîtrise et contrôle de l'ingéré alimentaire

 

Le rationnement quantitatif (efficacité et modalités de suivi)

Dans cette partie trois témoignages ont été présentés

    1 - Témoignage présenté au nom du GEC par T. Gidenne : Le bilan des travaux et actions actuelles
    2 - Témoignage présenté par , G. Le Houedec (Sanders) : Bonne conduite des pesées de contrôle
    3 -
Témoignage présenté par F. Tudela (Inra) et F. Lebas (Cuniculture): Que faire des poussières et brisures d’aliment?

1 - Bilan des travaux réalisés par le Groupement d'Expérimentation Cunicole (GEC)

T. Gidenne (INRA Toulouse) a rappelé les travaux conduits depuis 2001 par le groupement d'expérimentation cunicole mixte "recherche + station de firmes" sur les modalités d'application de différents modes de restriction. Ce groupe de travail inclus les unités expérimentales de l'Inra (Toulouse), de l'Itavi (Rambouillet) ainsi que celles de plusieurs firmes impliquées dans la fabrication des aliments du bétail (Ccpa, Evialis, Inzo, Primex[Unicopa] et Techna).

A titre d'exemple, ce groupe de travail a démontré qu'un rationnement court appliqué immédiatement après le sevrage permet de réduire sensiblement la mortalité pendant la durée du rationnement (graphique ci-contre). Mais si le rationnement est levé en fin d'engraissement (entre 54 jours et l'abattage à 70 jours dans cet essai multisites) une partie du bénéfice de viabilité peut être perdue.

Dans cet essai, le rationnement temporaire à 80% a classiquemement réduit un peu la vitesse de croissance des lapins. Ainsi, à âge d'abattage fixe, le poids moyen moyen des lapins a été réduit d'environ 100 g. Thierry Gidenne a montré (tableau ci-dessous) que le poids total final de la bande d'engraissement est quand même plus élevé en raison de la plus faible mortalité globale (12,4% vs 15,9% du sevreage à la vente). Cet effet combiné avec le meilleur indice de consommation permet un bénéfice global de 62 Euros pour l'engraissement d'une bande de 1000 lapins au départ, en comparaison avec une alimentation toujours à volonté.

Le GEC continue ses travaux sur le rationnement des lapins en engraissement. Les travaux en cours portent par exemple sur un rationnement long (entre les âges de 35 et 63 jours pour un abattage à 70 jours) corrrespondant à une restriction de 25% de la consommation alimentaire. Dans cet essai, l'aliment rationné est distribué en une seule fois ( à 8h00) ou en deux fois sur la journée (partie à 8h00 et partie à 16h30). Les résultats devraient être prochainement disponibles.

2 - Bonne conduite des pesées de contrôle témoignage présenté G. Le Houedec
 

Une bonne maîtrise de la restriction alimentaire nécessite un suivi régulier du poids des lapins. Un suivi régulier du poids de d'un certain nombre lapins (10 à 12 cages pour une bande d'engraissement) permet d'ajuster le rationnement à la situation réelle de l'élevage, ce qui est toujours préférable au suivi d'une courbe théorique de rationnement. Mais encore faut-il que la pesée des lapins "représentatifs de la bande" soit réalisée dans de bonnes conditions.
G. Le Houedec (Sanders) a montré que de pesées de lapins effectuées dans de bonnes conditions est primordial :

  • les cages dont les lapins sont régulièrement suivies doivent être représentatives de la bande d'engraissement : répartition homogène dans la cellule d'engraissement, lapereaux issus de lapines primipares et de lapines primipares, etc ...
  • l'équipement de pésée (balance, peson, ...) doit être fiable et régulièrement vérifié
  • les tares doivent être correctement prises en compte
  • et surtout les lapins doivent être pesés à heure régulière, essentiellement en fonction de l'heure de distribution de la ration, que le contrôle de l'ingestion alimentaire se fasse pas l'aliment ou par l'eau de boisson.

A titre d'exemple (graphique ci-contre), le poids des lapins régulièrement pésés 4 heures après la distribution de la ration est de plus de 100 g supérieursà celui des même lapins qui avaient été pesés avant la distribution de la ration. Dans le cas d'un rationnement par l'eau de boisson, l'écart entre une pesée 1 heure avant et 4 heures après l'accès à l'eau de boisson conduit à une différence encore plus grande de 136 g à 66 jours entre lres deux modes de pesée.

Mais, comme le montre le calcul du tableau suivant, ce qui est le plus important, c'est de peser à heure régulière. Si l'éleveur fait ses pesées au hasard du temps disponible une fois avant et une autre fois après la distribution de la ration, cela conduit à des sur- ou à des sous-estimation énormes de la vitesse de croisance. La conséquence est une "rectification" injustifié du niveau de rationnement conduisant à une sur-alimentation de l'ensemble des lapins (dangereux pour leur santé) ou bien à une restriction trop forte pénalisant toute la bande.

 

3 - Que faire des poussières et des brisures d'aliment ? témoignage présenté par F. Tudela et F. Lebas

A la sortie des silos de stockage, les aliments granulés contiennent plus ou moins de farine et de brisures de granulés. De même au cours de la distribution automatique des granulés sont en partie brisés et des fines apparaissent dans les mangeoires.


En cas de distribution automatique, les poussières d’aliment s’accumulent de préférence dans les mangeoires les plus proches de l’alimentation (4,48% contre 3,20% à l'autre extrêmité). Que faut-il en faire ?

 


A la sortie du silo de stockage, un aliment granulé contient classiquement de 3 à 5% de fines.

Lors d'un rationnement manuel pratiqué avec des trémies classiques « à réserve » les fines se retrouvent dans les trémies. Lorsque les lapins consomment cet aliment, en moyenne 85 à 87% de ces fines sont éliminés par les perforations pratiquées au fond, quelque soit le taux initial comme l'illustre le tableau ci-dessous.

Niveau d'alimentation
Taux volontaire de fines dans l'aliment
Aliment passant par les perforations du fond de trémie
à volonté
5%
3,66%
rationné à 80%
5%
4,33%
rationné à 80%
10%
8,68%
rationné à 80%
aucune poussière
0,20%
Les auteurs de ce témoignage se sont posé la question :
et si on gardait toutes ces fines, quelle serait la réaction des lapins ?
Ils ont donc mis en place un essai, avec 20 cages par lot et 4 lots expérimentaux suivis sur un engraissement complet (47 jours)
    - Un lot alimenté à volonté avec l’aliment sans poussières (tamisé)
    - Un lot rationné à 80% avec l’aliment sans poussières (tamisé)
    - Un lot rationné à 80% avec l’aliment contenant 5% de poussières (aliment tamisé dans lequel on a remis 5% de fines)
    - Un lot rationné à 80% avec l’aliment contenant 10% de poussières (aliment tamisé dans lequel on a remis 10% de fines)

Comme l'indique clairement le graphique ci-contre, les lapins des 3 lots rationnés à 80% ont eu exactement la même croissance, sans aucun effet du taux de fines présent dans l'aliment.
En clair cela veut dire que les lapins ont parfaitement consommé et valorisé les poussières présentes dans l'aliment même au taux de 10%. Ainsi, q
uand ils ont faim, c’est à dire quand ils sont rationnés, les lapins mangent aussi bien la poussière d’aliment que les granulés entiers, et ils valorisent parfaitement les deux formes.

Toutefois, cela ne veut pas dire qu’il ne faudrait pas faire attention à la friabilité des granulés, et encore moins qu’il pourrait être rentable d’utiliser des aliments non granulés. En effet, dans le cas des aliments en farine, il y a des dé-mélanges et surtout un tri de la part de certains lapins aux dépens des autres et beaucoup plus grave, aux dépens de leur santé (les lapins ne mangent pas volontiers les fibres qui leur sont pourtant indispensables).

 

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